Ouverture du sommet canadien sur le vote 2025
Allocution de : Jean-François Blanchet, directeur général des élections
Événement : Sommet canadien sur le vote
Lieu : Montréal
Date : 20 mai 2025
Nous sommes heureux de vous accueillir au Québec cette année! Je vais m’exprimer uniquement en français, ce matin.
2025 est une année électorale pour les Québécois, qui seront appelés aux urnes dans l’une des 1100 municipalités du Québec le 2 novembre. La démocratie municipale a été malmenée dans les quatre dernières années : un nombre record d’élus ont démissionné.
Nous préparons aussi les élections provinciales de 2026. Une année électorale, c’est toujours une année intense. Au cours des derniers jours, certains journalistes ont laissé entendre qu’il pourrait y avoir des élections anticipées. Les organismes de gestion des élections doivent toujours composer avec ce genre de rumeur; c’est notre réalité.
La démocratie au Québec se porte bien, mais comme dans plusieurs autres provinces et pays, elle ne doit pas être tenue pour acquise. Lors de ma première entrevue médiatique en tant que directeur général des élections, en 2023, j’avais mentionné que la démocratie, d’une certaine façon, ne tient qu’à un fil. Il faut en prendre soin et c’est une responsabilité qui revient aux institutions, aux parlementaires, aux médias et, également, aux citoyens. Sans trop nous en rendre compte, nous pourrions être à quelques gestes anodins de rompre le fil d’une saine démocratie au Québec. Ces gestes sont très importants; c’est pourquoi on doit continuer à être vigilant et à travailler pour améliorer les choses.
La semaine dernière, j’ai assisté au séminaire annuel du Réseau des compétences électorales francophones à l’île Maurice. Cette rencontre a réuni des organismes de gestion des élections d’une vingtaine de pays francophones. Lors de la cérémonie d’ouverture, j’ai retenu une citation de Jean-Claude de l’Estrac, homme politique, écrivain et auteur : « Ce sont les hommes qui font les institutions, mais ce sont aussi les hommes qui peuvent les défaire ».
Comme je le disais, je suis directeur général des élections depuis janvier 2023, mais je participe aux rencontres annuelles des directeurs généraux des élections du Canada depuis 2016. J’ai participé à des missions électorales dans une dizaine de pays africains et à Haïti. Je peux vous dire que les Canadiens et les Québécois peuvent compter sur des organisations électorales solides. C’est encore plus frappant depuis quelques mois, quand on regarde ce qui se passe au sud de la frontière. Pour ce qui est d’Élections Québec, l’institution fêtera ses 80 ans le 7 juin prochain et j’en suis très fier.
Les directeurs généraux des élections des 10 provinces, des 3 territoires et du Canada travaillent bien ensemble; nous nous tenons loin de la politique. Nous mettons en commun nos connaissances, nous nous entraidons et nous nous respectons. Les défis qui nous guettent et qui sont au cœur de nos préoccupations sont, évidemment, la désinformation touchant le processus électoral et l’ingérence étrangère. Même si, au Québec, le français nous isole peut-être un peu en matière de contenu de désinformation, ce qui est un petit avantage, mon équipe et moi demeurons à l’affut.
D’ailleurs, le projet de loi 98, dont l’étude détaillée commencera cette semaine et qui devrait être adopté par les membres de l’Assemblée nationale avant la fin de la session parlementaire, inclut une nouvelle infraction pénale relativement à la désinformation et à la manipulation de l’information en contexte électoral. Peut-être que vous ne le savez pas, mais je suis poursuivant public. J’ai donc le mandat de faire enquête pour déceler des infractions aux lois électorales québécoises et d’intenter des poursuites pénales, au besoin. Cette infraction causera probablement quelques difficultés d’application, notamment quant au fardeau de preuve nécessaire pour démontrer la commission de l’infraction, mais il s’agit certainement d’un pas dans la bonne direction.
À l’heure actuelle, je ne peux pas vous garantir ma participation au panel de demain, à 10 h 45, avec mes collègues de la Colombie-Britannique, Anton Boegman, et du Manitoba, Shipra Verma. Je devrai peut-être plutôt me rendre à l’Assemblée nationale pour me prononcer sur le projet de loi que j’ai mentionné tout à l’heure. Mais je suis avec vous au moins pour la journée, alors n’hésitez pas à venir à ma rencontre.
Cet événement est important pour prendre soin de notre démocratie. Je nous souhaite à tous et toutes un beau sommet!